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Votre organisation est-elle (vraiment) prête pour la grande transition ?

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14/02/2024

Une intervention qui décoiffe, celle de Michaël Dandrieux, sociologue, enseignant à Sciences Po et président du cabinet de conseil Eranos.
« Si nous ne comprenons pas les différentes phases d’évolution de la société, avec ses ruptures parfois douloureuses, nous sommes à côté de la plaque et incapables de générer de nouveaux business models adaptés à notre époque. »
C’est en substance le message, exposé avec fougue par le sociologue lors de cette Scène ouverte, animée par François Kohler, délégué à l’information et à la communication du ministère de la Justice.

Paradoxe comme il se définit lui-même, Michaël Dandrieux est un sociologue de formation, professeur à Sciences Po, mais « surtout un praticien ». Ce qui lui donne un regard acéré sur les transformations sociétales actuelles… et des idées fortes pour s’y adapter, pour éviter de verser dans le déclinisme.

Grande flemme ou désir de qualité de vie ?

Dans de nombreux cénacles, on parle de « grande flemme » comme si les gens – et en particulier les jeunes – avaient moins envie de travailler après la pandémie Covid 19. On dit que les nouvelles générations se désengagent, que lorsque les enfants demandent à leurs parents de leur expliquer leur travail et pourquoi ils rentrent si tard, ils n’osent pas leur répondre que leur entreprise, à cause de ses impacts sur l’environnement, « participe à la dévastation du monde », et bien d’autres choses encore…

En fait, une enquête récente IFOP / Fondation Jean Jaurès montre que si de moins en moins de personnes considèrent le travail « très important », une majorité pense encore qu’il est « assez important ».

« Cette nuance, poursuit Michaël Dandrieux, montre non pas le désintérêt du travail mais un désengagement vis-à-vis de son environnement toxique et le souci d’équilibrer sa vie pro/perso. » 

Qu’est-ce qui me fait lever le matin ? 

La question devient : « qu’est-ce qui me fait lever le matin ? ». Ainsi le télétravail devient le révélateur d’un grand changement d’attitude par rapport au travail. 

Le hic est qu’il faut gérer la contradiction entre les salariés qui souhaitent rester chez eux les lundis et vendredis et l’entreprise qui préfère un étalement des journées de télétravail. Les collaborateurs veulent cumuler tous les avantages que peuvent leur offrir les organisations (publiques ou privées) et que celles-ci leur apportent du bonheur, à tel point que certaines d’entre elles créent le nouveau poste de Happiness Chief Officer ! Belle initiative à condition que cela ne soit pas du « hapiness bashing »…

Se resynchroniser avec les besoins de l’époque 

« Le travail est une construction sociale. Quand la société change, le travail change. Il doit se resynchroniser avec les vrais besoins de l’époque. »

L’exigence actuelle ne doit plus être la durée du travail à respecter mais le résultat à fournir… et la satisfaction des besoins matériels et immatériels que donne ce travail au collaborateur. Aux parties prenantes de co-construire ce nouveau rapport au travail, dans une relation horizontale « de pair à pair » remplaçant le système managérial pyramidal.

« C’est une nouvelle façon de raccrocher le progrès économique et la qualité de vie. Certains dirigeants se fient exclusivement aux tableurs Excel pour se prouver que tout va bien, que tout est maîtrisé… se voilant la face devant les nouveaux enjeux. C’est une illusion, alors que les dispositifs relationnels changent pour avancer. Le collaborateur reconnaît aujourd’hui le leadership de son manager dans sa capacité de l’aider à progresser et à se réaliser dans son travail. Le manager crée de l’engagement s’il s’engage lui-même. N’est leader que celui qui est suivi par des followers », affirme le sociologue mais on peut aussi être leader en créant d'autres leaders !

Le rôle des communicants 

« Oui, il est vraiment temps de changer de modèle. Et les communicants peuvent y contribuer en ayant la volonté de poser des questions qui engagent : quelle est la problématique de notre organisation ? qu’est-ce qui coince dans notre business model actuel ? comment le transformer ? quel sens lui donner ? et par quelles actions ?... Ce dialogue en vérité donnera l’envie d’aller dans les changements qui vont beaucoup plus loin que celui d’un produit ou d’un service. Ne racontons pas des mondes imaginaires mais des histoires vraies où les gens se reconnaissent et pour lesquelles ils sont prêts à s’engager. Il y a encore du travail à faire, certes. Mais c’est cette nouvelle culture qui répondra aux transformations sociétales en favorisant la co-construction de nouveaux modèles », conclut en substance le président d’Eranos.


Eranos, créé en 2005, est un cabinet de conseil en stratégie, faisant le pont entre les humanités et le business, spécialisé dans la Transformation Sociétale.
https://eranos.fr 


Références : 



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