« Et si les campagnes de communication parlaient handicap… en dehors des JO ? »

Par Fabrice Van Kote, Secrétaire général de l'ANRH et VP de l'axe RSE

Mise en valeur par la FDJ d’un athlète de para natation dans la campagne « Pour faire gagner le sport », nomination il y quelques jours d’une jeune mannequin trisomique pour représenter la marque de lingerie Victoria's Secret…

A la veille des Jeux Paralympiques de Pékin, peut-on dire que la communication est enfin devenue inclusive ?

Une étude récente de KANTAR, commanditée par COM-ENT, la plus importante association des métiers de la communication, dresse pourtant un constat alarmant : l’inclusion est quasi-absente du champ de la communication, notamment publicitaire.

Moins de 1 % des publicités montrent ou traitent du handicap

En effet, l’étude d’un corpus de plus de 25 ans de publicités en France, de janvier 1997 à fin 2021, indique que moins de 1 % montre ou traite du handicap. Et encore, l’énorme majorité de ces communications sont des plaidoyers pour le handicap, émanant d’ONG ou des ministères concernés. Ou la valorisation de sportifs handicapés, représentés comme des super-héros, par des marques impliquées dans le sport à l’occasion des Jeux Paralympiques qui se tiennent durant 10 jours tous les 2 ans...

Mais combien de campagnes « classiques », commerciales ou institutionnelles, osent-elles mettre en scène une personne handicapée pour ce qu’elle est : un être humain, conscient et sensible, avec une identité propre, membre d’une famille, avec des amis et des relations professionnelles ? Trop peu encore. Et si ces campagnes font tant de bruit, c’est bien parce qu’elles montrent ce que personne ne montre : non pas un handicap, mais une personne.

La conclusion est simple : les 12 millions de personnes handicapées⁽¹⁾, soit 1 Français sur 6, sont absentes de l’image de la société véhiculée par les métiers de la communication. Or, toutes les études indiquent que l’image du monde véhiculée par les médias, au sens large, médias traditionnels ou réseaux sociaux, influe sur la représentation de notre environnement et donc sur nos comportements, nos intolérances, nos parti pris.

Et qu’en est-il de l’acceptation du handicap aujourd’hui ? Regardons par exemple le monde du travail. Le nombre de personnes handicapées en entreprise stagne à 3,5 %⁽²⁾, largement en dessous de l’objectif de 6 % défini par la loi « handicap » de 2005. Et être porteur de handicap multiplie par 2 le risque de se trouver sans emploi, avec un taux de chômage estimé à 14 %⁽³⁾ contre 7,4 % actuellement pour les personnes valides.

Les communicants et communicantes ont une responsabilité, celle de montrer le monde tel qu’il est

La communication doit être agissante, durable et utile et notre « Serment des communicants et communicantes responsables » invite chacun à porter cette mission au sein de son organisation. Chez COM-ENT, nous considérons en effet que nous avons toutes et tous une responsabilité, celle de montrer le monde tel qu’il est, pour participer à lutter contre les discriminations et favoriser la diversité et l’inclusion. 

C’est un combat que nous portons avec d’autres depuis plusieurs années, avec par exemple un engagement fort pour une communication non-sexiste, qui porte déjà ses fruits. L’inclusion des personnes handicapées touche de près ou de loin toutes nos parties prenantes, internes et externes. Il est temps d’agir.

Communicantes, communicants, donnons l’exemple : inspirons nos organisations ! 

• Osons montrer des personnes handicapées dans nos communications externes, dans un souci de diversité des représentations. 

• Simplifions nos communications, rendons les lisibles pour le plus grand nombre en nous inspirant des règles du « Facile à lire et à comprendre » (FALC). 

• Recrutons et accompagnons dans nos équipes des personnes en situation de handicap.

• Choisissons comme prestataires l’ESS et en particulier les entreprises dites « adaptées » qui emploient statutairement au moins 55 % de personnes handicapées. 

• Sensibilisons nos organisations au handicap, cassons les préjugés par la communication interne afin que nos collègues handicapés (dont beaucoup le cachent) s’épanouissent au sein de nos organisations et s’y sentent valorisés et acceptés. 
  
  

Oui, devenons des activistes au service de l'inclusion.

Vous souhaitez découvrir l'intégralité de l'étude réalisée par Kantar pour l'axe Diversité, Inclusion et Parité de COM-ENT ?  Cliquez ici !

(1) enquête Handicap-Incapacité-Dépendance (HID) de l’INSEE
(2)  Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du Travail
(3) Agefiph