Nul n’a le pouvoir de se tromper tout te temps. Et pourtant, les observateurs de la vie politique (journalistes, politologues…) fustigent quasi quotidiennement les erreurs de communication de nos gouvernants. Gilets jaunes en 2019 ou bonnets rouges en 2013, ils s’y prendraient mal, aujourd’hui comme hier. Conseiller-garde du corps-bagagiste-diplomate ou ministre inopinément démissionnaire : la communication de crise est quotidienne.
Les bonnes nouvelles sont rares. Depuis plusieurs années, la communication en politique a tendance à se « rétrécir » à la gestion des crises. Il y a plus de 20 ans déjà, Jacques Chirac disait que « les emmerdes, ça vole en escadrille ». C’est pire aujourd’hui. Dans ces conditions, le rôle du communicant est d’abord d’oser apprendre les mauvaises nouvelles au « chef ». Son rôle consiste ensuite à se préparer au pire, en espérant qu’il n’arrivera pas.
Quand, cas exceptionnel, tout va bien, qui le souligne ? Par exemple, combien de ceux qui prédisaient la « catastrophe industrielle » du prélèvement de l’impôt à la source ont reconnu qu’ils s’étaient trompés et que le Gouvernement et l’administration ont gravi avec succès cet Everest fiscal ? Ne cherchez pas : aucun. A la difficulté de diriger un pays s’ajoute le fait que nous avons la mémoire courte : nous oublions ce qui a été réussi pour ne retenir que les échecs, les mesures qui ne nous sont pas favorables, les crises… C’est bien connu, les trains qui arrivent à l’heure n’intéressent personne.
L’exemple du prélèvement de l’impôt à la source est révélateur d’une des plus grandes difficultés que rencontrent les femmes et les hommes politiques (ainsi que leurs communicants) : comment faire durer une annonce positive dans les médias ?
Si elle était un sport, on pourrait dire qu’avec communication politique ce sont toujours les mêmes qui perdent à la fin, c’est-à-dire ceux qui nous gouvernent. Quand vous faites de la communication politique vous vous rendez vite compte que les dés sont pipés : vous perdez toujours. La tartine est beurrée des deux côtés !
Essayer de faire de la communication politique est donc un boulot ingrat. Tout le monde a une opinion sur ce qu’il faudrait faire. Ou plutôt, sur ce qu’il aurait fallu faire. C’est toujours plus facile de « prédire » le résultat du tiercé après la course.
Dire que l’on maîtrise la communication politique est aussi présomptueux que de prédire la météo au-delà d’une semaine. En gros, comme le disait François Hollande : « rien ne se passe jamais comme prévu ». Si l’on ne sait pas à l’avance ce qu’il convient de faire, pour autant on ne peut pas dire qu’on ne sait rien : on sait ce qu’il ne faut pas faire. C’est beaucoup. Ainsi, il ne faut pas « insulter l’avenir » (en faisant des promesses inconsidérées) ; il ne faut pas avoir une confiance immodérée dans le « off » ; il ne faut pas, non plus, ignorer les fondamentaux de la communication de crise ; il ne faut pas croire qu’il est possible d’éviter les « couacs », pas plus qu’il ne faut croire que la France vit au rythme de BFM. La liste est longue. Il y a des choses peu intuitives, voire terribles, comme croire que la vérité sera toujours audible, etc.
En considérant les trois derniers quinquennats, on peut relever une quinzaine d’erreurs récurrentes, croyances erronées, ou pratiques de communication hasardeuses… Les avoir en tête devrait permettre de les éviter. Ce n’est pourtant pas ce que l’on constate. Les uns alternant avec les autres au gré des élections, chacun finit par faire les erreurs qu’il fustigeait des semaines, des mois ou des années auparavant !
Renaud Czarnes, Directeur de la Communication, Dalkia
Twitter : @RenaudCzarnes
« Anti-Manuel de communication politique (vade-mecum pour les femmes et les hommes politiques, ainsi que ceux qui les conseillent) », Éditions Kawa, février 2019.

Rendez-vous le 5 avril pour participer à l’événement “Communication politique : le meilleur du pire”